
LE PAKISTAN UN ÉTAT TERRORISTE
par Laurent Baldo
Le 13 décembre 2001, cinq islamistes
pakistanais attaquaient le Parlement indien à New Delhi faisant
huit morts parmi les forces de sécurité indiennes. Cette
attaque gravissime contre la tête de l'État indien suivait
celle sanglante contre l'Assemblée régionale cachemirie,
à Srinagar, en octobre 2001. Un attentat suicide revendiqué
par l'organisation islamiste pakistanaise Jaish-e-Mohammed qui avait
fait 38 morts, tous des civils.
L'opinion indienne
en fut fortement choquée et la communauté internationale,
États-Unis en tête, reconnue officiellement que l'Inde
était victime du terrorisme international émanant du Pakistan
et avait le droit légitime de se défendre.
L'attentat contre le
Parlement indien n'était que le dernier d'une longue série
commise sur le territoire indien depuis que le Pakistan a déclenché
en 1989, sous couvert d'une insurrection armée au Cachemire,
une guerre par procuration contre l'Inde. Depuis cette date près
de 60 000 civils ont été tués par les combattants
de groupes islamistes armés, entraînés et financés
par Islamabad qui mènent la jihad au Cachemire, et plus de 350 000
hindous ont dû fuir la région, victimes d'une véritable
épuration ethnique.
Mais lorsque l'Inde
mobilisa son armée début 2002, menaçant, si Islamabad
ne s'en chargeait pas, de détruire les installations terroristes
présentes sur le territoire pakistanais, particulièrement
dans la partie du Cachemire occupée illégalement par le
Pakistan, la communauté internationale, soucieuse de ses propres
intérêts, fit tout ce qui était en son pouvoir pour
stopper Delhi. D'autant qu'Islamabad était engagée auprès
des troupes américaines dans la lutte contre Al Quaïda au
Pakistan.
Un ballet d'émissaires
fit alors la navette entre Delhi et Islamabad, de Colin Powell à
Tony Blair, afin de faire pression, tant sur le dictateur pakistanais
Pervez Musharraf que sur le Premier ministre indien A.B. Vajpayee pour
éviter qu'une guerre n'éclate entre les deux pays, tous
deux puissances nucléaires.
Finalement le conflit
fut évité sous la pression des États-Unis, Musharraf
s'engageant dans un discours jugé historique, le 12 janvier,
à lutter fermement contre les organisations terroristes présentes
sur le territoire pakistanais et à stopper tout soutien au terrorisme
transfrontalier émanant du Pakistan vers l'Inde. Et pour faire
bonne mesure Musharraf fit arrêter près de 2 000 terroristes.
D'aucuns n'hésitèrent pas à voir en ce parangon
de la lutte antiterroriste l'Atatürk du Pakistan.
Mais Musharraf, qui
avait contribué, entre autres, à la création d'Oussama
Ben Laden et son Al Qaïda, du Mollah Omar et ses Talibans, d'Azam
Tariq et son Sipah-e-Sahaba, du Maulana Masood Azhar et son organisation
terroriste Jaish-e-Mohammed proche d'Al Quaïda, Musharraf qui s'était
opposé à tous les efforts des États-Unis, avant
le 11 septembre 2001, pour traduire Ben Laden en justice, pouvait-il,
si tant est qu'il l'ait vraiment voulu, éradiquer les organisations
fondamentalistes islamiques du Pakistan, ce Frankenstein, instrumentalisé
par les services secrets pakistanais, la toute puissante I.S.I.
À peine deux
mois après leur arrestation tous les terroristes étaient
relâchés et leurs principaux dirigeants regagnaient leur
paisible et luxueuse résidence pakistanaise.
Et
le 14 mai 2002, à quelques heures de l'arrivée à
Delhi de Christina Rocca, la Sous-secrétaire d'État américaine
pour l'Asie du Sud, trois combattants islamistes, vêtus d'uniformes
de l'armée indienne, attaquaient un autobus tuant 7 passagers,
puis pénétraient dans un camp militaire situé à
une quinzaine de kilomètres de Jammu, à Kalu Chak. Là,
les jihadis ouvraient le feu sur les quartiers où résident
les familles des soldats stationnés au Cachemire. Bilan : 35
morts au moins. Des militaires, mais principalement des femmes et des
enfants. Il s'agissait de l'attentat le plus meurtrier depuis l'attaque
contre l'Assemblée régionale cachemirie à Srinagar.
La tension monta alors
à son extrême entre l'Inde et le Pakistan et il fallut
à nouveau l'intervention et les pressions des plus hauts responsables
de la communauté internationale pour qu'un conflit généralisé
n'éclate entre les deux pays.
Le Sous-secrétaire
à la Défense américain, Douglas Feith, appela Musharraf
à « dompter » les groupes islamistes qui infiltrent
des militants au Cachemire indien. Pas seulement pour faire plaisir
à New Delhi, mais, avoua-t-il, parce qu'il « existe un
risque réel de guerre entre l'Inde et le Pakistan. Et qu'il s'agit
d'un risque immense puisque les deux pays disposent de la force nucléaire
».
L'Inde n'intervint
pas, car Musharraf, certifièrent les émissaires une nouvelle
fois, avait promis de tout mettre en oeuvre pour faire cesser le terrorisme
émanant d'organisations islamistes pakistanaises.
Depuis, des attentats
et des attaques de la part des jihadis, essentiellement contre des hindous
et des temples hindous, n'ont cessé de se produire dans la province
indienne du Jammu-Cachemire faisant des centaines de morts parmi la
population civile. L'attaque la plus meurtrière a fait 25 victimes
et de très nombreux blessés le 13 juillet près
de Jammu, et lors du pèlerinage annuel d'Amarnath au Cachemire
plusieurs pèlerins hindous ont été tués
par des extrémistes musulmans.
Cinquante responsables politiques auraient
été tués au Jammu-Cachemire depuis le début
d'année.
Malgré cela, New Delhi n'a toujours
pas pris de mesure efficace pour protéger ses ressortissants
au Jammu-Cachemire et, sous la pression internationale le gouvernement
indien ne semble pas prêt à déclencher une attaque
contre les camps d'entraînement des terroristes islamiques situés
de l'autre côté de la frontière au Pakistan bien
que, depuis décembre 2001, près d'un million d'hommes
en armes se font face de chaque côté de la frontière.
Aujourd'hui Musharraf,
encouragé par la passivité de New Delhi et la « compréhension »
de l'administration Bush, donne ouvertement son feu vert au jihadis
pakistanais qui opèrent au Cachemire en affirmant officiellement
son impuissance son absence de volonté dirions-nous, à
contenir le terrorisme transfrontalier qui émane de son propre
pays tant, selon lui, la frontière indo-pakistanaise serait poreuse
au Cachemire.
Aussi, alors que se déroulent actuellement
des élections libres au Jammu-Cachemire pour en renouveler l'assemblée,
des dizaines d'innocents continuent d'être les victimes impuissantes
des islamistes fanatiques qui ont juré de faire échouer
le processus démocratique dans cet État de l'Union indienne.
Car pour ces jihadis, comme pour leur mentors pakistanais, conformément
à leur idéologie pan-islamique, le Cachemire, peuplé
majoritairement de musulmans, appartient à la nation musulmane
et doit donc être rattaché au Pakistan, cet État
islamique créé pour les musulmans par les musulmans à
la partition de l'Inde en 1947.
« Je souhaite que les démocraties
du monde comprennent que l'épicentre du terrorisme, qui se trouvait
en Afghanistan avant les attentats du 11 septembre, s'est maintenant
déplacé au Pakistan », a déclaré le
Vice-premier ministre, Lal Krishna Advani, mercredi 2 octobre, suite
à la vague de violence qui a marqué le début de
la troisième phase du scrutin.
En effet, mardi, trois combattants islamistes
ont ouvert le feu contre un autocar transportant une trentaine de pèlerins
hindous près de Hiranagar, dans le district de Kathua tuant huit
personnes, et mercredi, une bombe a détruit un autocar près
de Jammu faisant deux morts et 24 blessés, tandis que six soldats
indiens ont été tués lorsque leur véhicule
a sauté sur une mine dans le secteur de Tral. Des islamistes
ont également abattu à l'aube trois militants du parti
pro-indien de la Conférence Nationale (NC) dans le village de
Jaktial du district de Kupwara.
Depuis l'annonce des élections
le 2 août près de 600 personnes ont été tués
par des combattants islamistes au Jammu-Cachemire.
Le ballet diplomatique risque fort de
reprendre dans les jours qui viennent
Laurent Baldo
(Le 2 octobre 2002)
(Laurent Baldo, a vécu sept ans en Inde, pays où il retourne
régulièrement et où il a de nombreux contacts.
Il est membre fondateur de l'association Jaïa-Bharati
dont il est Président.)
