
ARCHÉOLOGIE SOUS-MARINE DE LANCIENNE
DWARKA
DANS LOKHAMANDAL
Dr
A.S. Gaur
Okhamandal, situé
dans le district de Jamnagar, dans le Gujerat, sur la côte Ouest
de lInde, est lun des centres religieux les plus importants
du pays. Cette région marécageuse et touffue qui sétend
sur plus de 100 km2 a attiré des colonisateurs dès lépoque
harappéenne (3000 av J.-C.). Le site le plus ancien a été
découvert à Nageshvar, sur les rivages Nord dOkhamandal.
La dernière phase de la civilisation harappéenne, quant
à elle, apparaît sur lîle de Bet Dwarka, à
5 Kms du port dOkha.
Dwarka a aussi connu
une intense activité portuaire durant les périodes antique
et médiévale. Lun des facteurs dattraction
les plus importants était la richesse de la région en
ressources marines, particulièrement la présence de coquillages,
tel le turbunella pyrum, qui était extensivement utilisée
en Inde pour la décoration ou la fabrication de perles, et qui
était exportée vers dautres régions. Des
vestiges importants y ont été découverts, qui sont
décrit ci-dessous.
Importance de Dwarka
Lun des quatre
dhamas, ces lieux de pèlerinage parmi les plus importants
de la religion hindoue, est situé sur la côte Ouest de
lInde. De ce fait, cest lun des sites sous-marins
les mieux étudiés. Un temple gigantesque, dédié
à Krishna, est situé sur le fleuve Gomati. La grandeur
du temple est encore accentuée par un escalier de 56 marches
qui mène le visiteur de la Gomati à lentrée
principale du temple. Selon lancienne tradition littéraire
sanscrite, la cité sainte de Dwarka fut fondée par Krishna,
8ième avatar de Vishnou, puis disparut par la suite sous les
eaux. La ville a sans doute été aussi lune des portes
dentrée en Inde pour les premiers occidentaux. Le site
a été fouillé depuis le début du XXième
siècle. Bien que la cité fût fameuse sur le plan
commercial et religieux, son exacte localisation est restée longtemps
un objet de débat. Plusieurs références littéraires,
surtout tirées du grand poème épique, le Mahabharata,
ont été examinées pour la localiser. La référence
épigraphique la plus ancienne concernant Dwarka provient du plat
en cuivre Palatina de Garulaka Simhaditya, daté de 574 apr. J.-C..
À la recherche de Dwarka
Ce fut une expérience
fascinante dêtre associé à lexploration
de la cité engloutie de Dwarka, tout au long des deux dernières
décennies du XXième siècle. Lidée
que nous entrions en contact avec des vestiges de lépoque
du Mahabharata ajoutait à notre excitation. En dépit
de plusieurs problèmes archéologiques (telle que linterprétation
et la datation des structures), Dwarka reste lun des sites sous-marins
les plus étudiés en Inde. Les fouilles indiquent que cétait
un port très actif dans le passé, qui a du être
visité par de nombreux marins durant les deux derniers millénaires.
En témoignent la découverte de plus de cent ancres de
pierre, ainsi que les vestiges dune ancienne jetée. Un
grand nombre de structures reposent au large de Gomati Creek, qui peuvent
être les signe dun ancien port, dans la mesure on ny
trouve aucune trace dhabitation. Le temple de Samudranarayan,
le dieu de la mer, a dû servir aux anciens navigateurs comme point
de repère de Dwarka.
Les premier colons
de la côte du Saurashtra sont arrivés dès lépoque
de la civilisation de lIndus, sans doute attirés par les
ressources marines telles que le turbinella pyrum, le poisson
et le sel. Beaucoup de traditions de la période harappéenne,
telles que lartisanat de coquillage et de défense déléphant
ainsi que la poterie, ont été conservées jusquà
nos jours au sein de quelques tribus du Gujarat.
Trente kilomètres
environ au Nord de Dwarka se trouve Bet-Dwarka, un autre site important
associée à Krishna. Les premiers établissements
remontent à la dernière phase de la civilisation de lIndus.
Lîle sera à nouveau occupée autour du VIième
siècle Av J.-C. sur sa côte sud-est. Là aussi, les
activités principales se sont organisées autour des ressources
maritimes. Lîle était aussi réputée
pour sa poterie, car elle fournissait de la vaisselle au reste du Saurashtra
et du Kachchh, grâce à la navigation côtière.
Le coquillage était la principale ressource économique
de cette période et on trouve plusieurs parures en coquillage
tels que bracelets et colliers. Il y eut sans doute des échanges
importants entre Bahrain et Bet-Dwarka, tant culturels que commerciaux,
si lon en croit les motifs animaliers figurant sur les sceaux
indiens, qui rappellent lart de Bahrain, comme les poteries de
lharappéen tardif présentes à Bahrain. Lîle
est mentionnée dans le Périple de la mer érythréenne
comme « le golfe de Baraca, qui contient sept îles.
Le rivage est par endroit abrupt, ailleurs rocheux et escarpé,
ce qui fait que les ancres se rompent ou dérivent sur les fonds ».
De son côté, Ptolémée mentionne Barake
comme une île dans le golfe de Kanthi, qui a été
identifié comme le golfe de Kachchh. Il est donc fort probable
que Bet Dwaraka était la Baraca et le Barake de
ces voyageurs étrangers des premiers siècles de lère
chrétienne. Lexploration sous-marine de la jetée
actuelle a fourni nombre dobjets dorigine romaine, tels
que lamphore et des ancres de pierre ou de plomb, ce qui suggère
que lîle entretenait des relations suivies avec les pays
méditerranéens durant les premiers siècles de lère
chrétienne.
Conclusion
Larchéologie
sous-marine révèle les anciennes activités maritimes
de la région dOkhanmandal. Dabord des Harappéens,
qui établirent les premières colonies à Nageshwar.
Puis Bet-Dwarka se développa à partir de la fin de la
période harappéenne. Après une interruption denviron
six cents ans, la région fut à nouveau habitée
jusquà nos jours. La principale raison de ces établissements
était lexistence de ressources marines et de ports abrités.
Pendant la période historique, Dwarka et Bet Dwarka furent parmi
les ports les plus actifs de lInde et entretenait des échanges
avec les pays méditerranéens. Plus tard, le site fut connu
comme un lieu important de pèlerinage et de piraterie.
Dr A.S. GAUR
©
La Revue de l'Inde
(Spécialiste d'archéologie
marine, il est chercheur au National Institute of Oceanography de Goa
depuis 1988 et participe aux investigations archéologiques des
côtes indiennes. Il est l'auteur de deux livres : Harappan Maritime
Legacies of Gujarat (200) et Archaeology of Bet Dwarka Island (2005).)
