Comme
beaucoup d'entre vous le savent, Pondichéry s'apprête à
fêter l'anniversaire de son indépendance, et le Président
de l'Inde, Dr Abdul Kalam, est attendu pour participer à cette
commémoration.
Le Pavillon de France vient de sortir
un numéro spécial de la Revue d'Auroville consacré
au cinquantième anniversaire du « merger »
ou fusion de Pondichéry avec l'Inde (1er novembre 1954). « Il
y a 50 ans : Pondichéry. L'intégration des Etablissements
français en Inde -- Perspectives historiques et culturelles. »
L'ambassadeur de France en Inde et l'ambassadeur
de l'Inde en France ont chacun envoyé un message à la
Revue pour l'occasion.
Cette étude, qui s'intéresse particulièrement
aux années 47-54, comprend différents documents d'archives
(Inde et France), des interviews de personnes ayant vécu les
événements en question, des essais d'historiens et d'experts
légaux, ainsi que quelques articles dus à des Auroviliens.
L'Institut Français de Pondichéry, les Archives de l'Ashram
de Sri Aurobindo et INTACH ont eu la gentillesse de nous autoriser à
publier quelques-unes de leurs photos rares.
Un résumé de l'éditorial de cette Revue a été
récemment publié dans le New Indian Express.
L'équipe de publication
Dominique Girard
Ambassadeur de France en Inde
L'Histoire se nourrit d'événements,
de dates, d'illustrations, d'analyses, de souvenirs. Elle est en partie
ce qu'en font ceux qui l'écrivent. Il y a ceux qui participent
à l'action, chroniqueurs éventuels mais qui ne sont pas
toujours les mieux placés pour les rapporter, et ceux qui tentent
de les restituer pour la postérité. Cette deuxième
approche, plus critique, permet l'analyse à froid, et fait parfois
resurgir des pans oubliés : causes, raisons et conséquences,
participant à leur tour à une meilleure compréhension
du présent.
C'est dans ce cadre que s'inscrit le travail
de mémoire engagée par le Pavillon de France d'Auroville,
qui offre l'avantage à tout un chacun de disposer d'éléments
tout à la fois précis, concis et abondamment illustrés
sur le processus historique qui a conduit il y a cinquante ans à
la cession par la France des territoires de Pondichéry à
l'Inde.
Bien que ses rédacteurs se défendent
d'avoir commis un ouvrage historique, la richesse des documents collationnés,
la qualité des témoignages recueillis et la synthèse
réalisée méritent les éloges, d'autant que
ce travail est une production locale, au plus près des réalités
pondichériennes d'hier et d'aujourd'hui.
Toutes deux de cultures anciennes et adhérant
à de vraies valeurs démocratiques, l'Inde et la France
partagent de très nombreuses vues communes. Dans le concert moderne
des nations, elles s'expriment le plus souvent à l'unisson. Les
liens qui les unissent déjà s'affermissent et se multiplient.
Le partenariat et les échanges économiques se développent.
Nos cultures se risquent de plus en plus au contact l'une de l'autre
et en ressortent mieux comprises et grandies. L'Inde, qui a toujours
attiré de nombreux occidentaux, s'affirme comme une destination
de plus en plus prisée des touristes français, notamment
dans le Sud et en particulier à Pondichéry, qui met en
uvre une politique très volontaire dans ce domaine.
Car en fait, et c'est ce que tente aussi
d'établir cet ouvrage en proposant un bilan, l'histoire de Pondichéry
ne peut faire abstraction de quelque trois siècles de présence
française, dont, sur les instances mêmes du pandit Nehru,
les deux gouvernements qui y ont mis fin d'un commun accord, à
partir de Novembre 1954, ont souhaité faire perdurer une certaine
culture, un certain « esprit », un lien privilégié
entre nos deux pays, ce dont nous nous félicitons aujourd'hui.
Les structures en place témoignent
de ce lien privilégié : un Lycée français
de plus de mille élèves, deux Instituts de Recherches
(l'Institut Français de Pondichéry qui fêtera son
cinquantième anniversaire en 2005 et l'École Française
d'Extrême Orient), une Alliance Française parmi les plus
actives des 15 institutions similaires en Inde, un important Consulat
Général qui gère les 7.000 Français de la
circonscription et participe activement aux échanges avec le
gouvernement local.
Enfin, et même si elle n'est pas
administrativement rattachée à Pondichéry bien
que mitoyenne, Auroville reste animée par de nombreux Français,
qui constituent dans cette citée expérimentale la deuxième
nationalité représentée après nos amis indiens.
C'est à eux que revient l'initiative
du présent ouvrage. Il aura l'avantage de faire mieux comprendre
les tenants et les aboutissants d'une transition qui s'est déroulée
dans des conditions honorables, et a abouti à une situation originale
dont l'Inde et la France n'ont qu'à se féliciter car elle
ajoute encore, aujourd'hui, au formidable potentiel de renforcement
des liens entre nos deux pays, leurs cultures et leurs peuples. Qu'ils
en soient remerciés de tout cur.