Fin février
2002, lInde était secouée par une nouvelle bouleversante
: 58 pèlerins hindous brûlés vifs dans un train.
La BBC avait annoncé : 58 « extrémistes »
hindous calcinés. Les jours suivants, les nouvelles pleuvaient
: un « génocide des musulmans », un « carnage »
infligé par les hindous en représailles, une « conflagration
inter-communautaire, organisée avec la complicité de lÉtat
du Gujarat ». Nous entendions que Narendra Modi, le Premier
ministre de cet État, avait lintention den éradiquer
les musulmans : cest à dire plus de 9% de la population,
soit cinq millions de Gujaratis. Que la police était complice
et ne faisait rien pour arrêter les massacres. Narendra Modi était
comparé à Hitler. Nous avons frissonné en parcourant
les dossiers décrivant des viols et autres horreurs, censément
infligés aux musulmans par les hindous.
Six ans après,
quand les bruits se sont tus, que se dégage-t-il de ces événements
? Quels sont les faits ?
Ce 27 février
2002 au petit matin, le Sabarmati Express entre à la gare
de Godhra, heureusement avec 4 heures de retard, donc en plein jour,
à 7h 43. Ce train ramène 2 000 personnes, essentiellement
des pèlerins de retour dAyodhya, la ville sainte en Uttar
Pradesh, lieu traditionnel de la naissance de Râma.
Lorsque le train redémarre
de Godhra, il est bombardé de pierres et de briques, et les voyageurs
de plusieurs wagons doivent fermer leur fenêtre. Quelquun
tire le signal dalarme : le train sarrête une centaine
de mètres plus loin, entouré dune foule de musulmans.
La police des chemins de fer arrive à faire repartir le train.
Quelques minutes plus
tard, le signal dalarme est tiré de plusieurs wagons à
la fois, et le train sarrête environ 700 mètres plus
loin. Une foule de plus dun millier de musulmans est là,
qui jette des briques, des pierres, puis des projectiles enflammés
et des ballons dacide, en particulier sur les wagons S-5, S-6,
S-7.
Le soufflet entre
deux wagons est tranché : le train ne peut plus redémarrer.
Les portes sont verrouillées de lextérieur. Un feu
commence dans le wagon S-7 que les passagers parviennent à éteindre.
Mais lattaque sintensifie et le wagon S-6 prend feu. Des
projectiles sont lancés sur les passagers qui tentent de senfuir.
58 pèlerins sont brûlés vif, dont 27 femmes et 10
enfants.
Tout est fini à
8h et quart, en 20-25 minutes [1].
Quen dit la
presse indienne ? Imaginons un wagon de Français revenant dun
pèlerinage à Lourdes, brûlés vifs. Curieusement,
au lieu de condamner lévénement sans ambiguïté,
la presse indienne de langue anglaise a cherché à justifier
lacte : « Les pèlerins ont provoqué en
chantant trop de bhajans », ces chants dévotionnels.
Ou encore : « Cest parce que les pèlerins
revenaient dAyodhya où ils demandent que soit reconstruit
le temple au lieu de la naissance de Râma, cela heurte les sentiments
des musulmans » (qui lavaient démoli à
une autre époque pour y construire une mosquée [2]).
En un mot, ces victimes brûlées vives étaient coupables.
La colère du peuple
Le peuple du Gujarat na pas réagi
tout de suite. Trop choqué, mais surtout, plus encore que lévénement
même, cest linsensibilité de « lélite »
indienne, et celle des médias, qui a outragé les Gujaratis.
Et lorsque les corps calcinés ont commencé à arriver
dans leurs familles respectives sans quaucune voix réconfortante
ne sélève, ni du gouvernement, ni des journaux ou
des chaînes de télévision nulle condamnation
de cette barbarie mais un silence assourdissant dindifférence
ce peuple de la non-violence, de la patience unique, a explosé.
Quand un peuple ne
se sent pas soutenu par une justice, ou par un code civil qui traite
de façon égale ses citoyens, on peut sattendre à
ce quil explose. En loccurrence, il y a eu une révolte
dans tout le Gujarat. Pendant trois jours, des dizaines de milliers
dhindous, déchaînés, ont incendié les
établissements musulmans, les boutiques, les maisons, les véhicules
: de tous les bords, tous les partis, incontrôlables on
ne contrôle pas une révolution. 720 morts du côté
musulman, 250 du côté hindou, chiffres officiels.
On a parlé
dans la presse dun « génocide de musulmans ».
Avons-nous lu un article décrivant les hindous qui ont héroïquement
aidé à sauver un grand nombre de musulmans dans leurs
quartiers ? Avons-nous vu seulement une interview dune famille
hindoue à la suite de lincendie criminel du Sabarmati
Express ? Plus dun quart des morts était hindou.
Où classer les 250 victimes ? Qui a évoqué
les morts du côté hindou ? On a beaucoup vu le conseiller
municipal du parti du Congrès, Taufeeq Khan Pathan, et son fils,
bandits notoires, à la tête des émeutes musulmanes.
Quel dossier a mentionné que les plus violents événements
sont survenus à la suite de provocations de ces leaders ?
Le rapport annuel 2002-2003 du ministère de lIntérieur
stipule que 40 000 hindous sétaient réfugiés
dans des camps. Pour se protéger de qui ? Quel en était
le besoin sils étaient les principaux agresseurs ?
Les accusés
de terrorisme ont un soutien politique, ils ont laide des médias
et dune foule dorganisations obscures, toujours sous légide
des « droits de lhomme », pour les défendre.
Mais ces victimes dont la vie est fauchée sans raison, ne sont-elles
« humaines » pour avoir quelque droit ? La
majorité du peuple qui sest révoltée nest
ni riche ni particulièrement intellectuelle ni de
droite ni de gauche : ce sont les gens simples, des Gujaratis moyens,
des ouvriers, et même des tribus mais pas seulement,
car une partie de la classe moyenne supérieure, dont beaucoup
de femmes, sétait jointe à la révolte.
La source des médias
Pour commencer, à lexception
des journalistes locaux plus authentiques, aucun reporter de la presse
anglaise ne sest déplacé à la nouvelle du
wagon calciné. Personne nest venu interroger déventuels
rescapés ou témoins du drame. Un wagon de pèlerins
hindous ne vaut pas le déplacement : il fallait attendre les
réactions de l« élite » indienne,
les instructions du politiquement correct, pour préparer les
articles. Mais écoutons les nouvelles de la première phase
des événements :
Sur ce quai de gare
de Godhra où les pèlerins étaient descendus prendre
leur thé, une altercation eut lieu, lisait-on, entre un vendeur
de thé musulman et quelques pèlerins : « Les
pèlerins ont humilié le vendeur » ; « ils
nont pas payé leur thé » ; « ils
se sont délibérément disputés et lui ont
tiré la barbe, puis lont battu... Au point que sa fille
de 16 ans est venue à laide de son père pour le
sauver des pèlerins, les implorant de cesser de battre son père... »
; les pèlerins « ont kidnappé la jeune fille
et lont enfermée dans leur compartiment » (compartiment
surtout occupé par des femmes et des enfants ). Pendant
ce temps le pauvre vieux vendeur de thé « tapait à
la porte du train pour quon lui rende sa fille »...
Cest alors que « dautres vendeurs de thé
ont grimpé dans le train un peu plus loin et ont tiré
lalarme, puis ont mis le feu au wagon. »
Étaient-ils
si stupides pour mettre le feu au wagon où se trouvait kidnappée
la jeune fille de leur collègue ? Et quattendaient
donc ces 2 000 musulmans à 7h du matin rassemblés à
deux pas avec des jerrycans dessence acheté la veille au
soir ?
Rajeev Srinivasan, journaliste américain
dorigine indienne reçut par e-mail au moins une douzaine
de fois ce rapport anonyme, dont loriginal était censé
avoir été écrit par Anil Soni, un reporter de PTI
(Press Trust of India). Il contacta Anil Soni pour le questionner
sur la véracité du récit. « Lun
de mes ennemis a concocté ce récit pour me créer
des problèmes », répondit le reporter. « Est-ce
que vous comprenez, Monsieur ? Je nai pas écrit cela
du tout. Je suis correspondant du PTI, et le numéro de téléphone
est le mien, mais ce nest pas mon écrit. » Cet
homme eut écho de « son rapport » par des
centaines de gens, et en fut très troublé.
Résultat denquête
auprès des employés des chemins de fer ainsi que des voyageurs
dautres wagons : il ny eut aucune dispute sur ce quai avec
le vendeur de thé, personne ne lui tira la barbe, et aucune fille
ne fut malmenée ni kidnappée.
Néanmoins ce
rapport fictif lancépar les auteurs du carnage
fit le tour du monde, présenté comme « la véritable
histoire ». Force nous est de constater que ce sont les agresseurs,
en Inde, qui dictent le « politiquement correct »,
et instruisent les médias.
Des incendies et des canards
Le 28 février après-midi,
la révolte des Gujaratis hindous a éclaté. Quelques
journalistes ont alors songé à se déplacer, avec
un plan : cette révolte allait être traitée indépendamment
du carnage dorigine à Godhra, comme une attaque sur les
minorités musulmanes. Et en particulier comme une conflagration
organisée par lÉtat du Gujarat.
Le 28 février
au soir, le Premier ministre de lÉtat prit la décision
denvoyer larmée, et le lendemain 1er mars la violence
est retombée grâce à larrivée de troupes
dans les villes principales, avec des instructions de tirer à
vue. Mais les forces de lordre sont encore insuffisantes par rapport
à la marée du peuple en colère qui sétend
pour la première fois jusque dans les campagnes et les villages.
Le Premier ministre fit appel aux États voisins du Maharashtra,
du Madhya Pradesh, du Rajasthan et du Punjab pour un renfort de personnel
de sécurité. Chacun de ces États refusa laide
demandée.
Lun des événements
majeurs, largement rapporté dans la presse internationale, fut
lincendie de la Gulbarg Society à Ahmedabad, la
maison dun ex-député, Ehsan Jaffri. Cet homme plutôt
raffiné et généralement respecté ne se sentait
pourtant pas menacé. Mais le 28 février au matin une foule
se rassembla autour de sa maison, dans laquelle un certain nombre de
musulmans sétaient réfugiés. Le député
passa un grand nombre dappels téléphoniques affolés
aux autorités et à ses collègues, journalistes
et amis. La foule allait croissant (de 200 à 20 000, les
chiffres varient selon les rapports). Daprès un article
de lIndian Express du 1er mars 2002 ainsi que des rapports
de police, le député, pris de panique, tira dans la foule,
tuant 2 personnes, en blessant 13 autres, ce qui donna le feu vert à
la violence : à 13 h 30 la foule incendia la maison en faisant
exploser une bouteille de gaz. Bilan : 42 morts (selon lédition
du 11 mars).
Le 30 avril 2002,
le Human Rights Watch, une ONG basée à New York,
publia un dossier sur les événements au Gujarat qui allait
faire sensation et alimenter un grand nombre darticles de la presse
internationale.
Dans ce reportage,
Smita Narula relate lattaque sur la maison dEshan Jaffri
en faisant parler un « témoin ». Dabord
une foule de 200 à 500 personnes jette des pierres, que les réfugiés
dans la maison (environ 200 personnes sic !) renvoient sur
la foule. Puis la foule incendie le lieu à environ 13h 30 par
lexplosion dune bouteille de gaz. Le témoin saute
alors du troisième étage de limmeuble où
il se cachait et doù il voyait en détail
tout ce qui se passait au rez-de-chaussée, jusquau vol
des bijoux (à croire que les sols des deux étages étaient
transparents). Cest alors que le lecteur saute à son tour
dans le sensationnel. Le témoin voit (ou a vu ?) que des jeunes
filles sont « tailladées, puis brûlées »
; « Quatre ou cinq filles sont violées, tailladées,
puis brûlées » ; « deux femmes
mariées sont violées et tailladées, certaines au
cou, dautres à la main » ; « soixante-cinq
à soixante-dix morts ». Ces viols et ces taillades
auraient commencé à 15 h 30... une fois la maison en feu.
La foule attend-elle que tout soit consumé pour commettre ces
crimes ?
Parmi les plus macabres
canards, celui de la romancière Arundhati Roy (bénéficiaire
du prix littéraire booker de 1998). Dans un article au
vitriol contre lInde, publié dans lhebdomadaire Outlook
du 6 mai 2002, Roy décrit lévénement qui
entoure la mort dEshan Jaffri (extrait) :
« Une foule entoura
la maison de lex-député Iqbal Eshan Jaffri. Ses
appels téléphoniques au directeur général
de la Police, au préfet, au secrétaire en chef de lÉtat
et au Secrétaire adjoint (affaires intérieures) furent
ignorés Les fourgons de police autour de sa maison ne sont
pas intervenus. La foule est entrée dans la maison. Ils ont déshabillé
ses filles et les ont brûlées vives. Puis ils lont
décapité et démembré. »
Remettons-nous.
Un fils de Iqbal Eshan Jaffri, T.A. Jaffri,
se sentit obligé de faire publier une rectification (en 1ère
page du Asian Age le 2 mai 2002) :
« ... De mes frères
et surs je suis le seul vivant en Inde. Je suis laîné
de la famille. Ma sur et mon frère vivent aux États-Unis.
Jai 40 ans et je suis né et ai été élevé
à Ahmedabad... »
Nous voilà
rassurés quant à la santé des enfants dEshan
Jaffri. De ses filles « déshabillées et brûlées »,
il nen reste quune, qui se trouvait donc à létranger.
Il ny eut AUCUN VIOL au cours de cet événement.
Nulle information ne le mentionna et aucune déposition ne fut
faite à la police à ce sujet.
Le gouvernement du
Gujarat porta plainte contre le magazine Outlook, qui dans son
numéro du 27 mai 2002, dû présenter ses excuses.
Mais le magazine ne voulant pas perdre la face, tout en sexcusant,
laissa Roy réitérer que les filles du MP « nétaient
pas parmi les 10 femmes violées et tuées ce jour-là
à Chamanpura » !
De Smita Narula à
Arundathi Roy, de « quatre ou cinq » femmes en
surgissent dix, sans identité, insaisissables.
Roy débute
son article théâtralement, ponctué de sanglots :
elle raconte incidemment que lamie dune amie, Sayeeda, a
été « prise dans une émeute ».
On lui a « tranché le ventre, quon a bourré
de loques brûlantes »... Après sa mort, « on
lui a dessiné un OM sur le front. » Comme Zorro.
Balbir Punj, journaliste
et député, choqué, fit une enquête sur cet
événement censé sêtre déroulé
à Baroda. Il entra en contact avec le gouvernement du Gujarat.
Une enquête de la police révéla quaucun incident
de ce genre navait été signalé, que personne
du nom de Sayeeda, ni à Baroda ni dans la région, navait
été attaqué. Par conséquent, la police demanda
laide de Roy pour identifier la victime et accéder à
des témoins qui pourraient les conduire aux coupables. La police
ne reçut aucune coopération. Au lieu de cela, Roy fit
répondre par son avocat « que la police navait
aucun pouvoir de la convoquer ». De toute évidence,
on ne souhaitait aucun éclaircissement.
Une autre histoire de « ftus »
et de « ventre déchiré » et « brûlé »,
horrifia les auditeurs de par le monde. Annoncée tout dabord
par la BBC en tant que « rumeur non confirmée »,
répétée dans un criaillement de détails
(divergents et variés, mais quimporte ?), elle finit par
faire croire quil ny a pas de fumée sans feu. Cette
rumeur sordide na jamais été confirmée ;
doù venait-elle ?
Les articles furent
copiés les uns sur les autres, « enjolivés »
au fil des rumeurs et des « dossiers ». Comme
une pièce montée. Et sans quaucun de leurs auteurs
ne fut présent au cours des événements. Sans que
quiconque, hormis les commissions denquêtes officielles,
neut lhonnêteté dinterroger également
les familles hindoues sur la tragédie qui se déroulait
au Gujarat dans les deux communautés.
Les badauds interpellés
Lincendie dune boulangerie
où 14 musulmans ont péri a fait couler beaucoup dencre,
en particulier le procès qui sensuivit (le Best Bakery
case), car le principal témoin, une jeune musulmane Zaheera
Habibullah Sheikh témoigna en faveur des accusés. Zaheera
perdit plusieurs membres de sa famille lors de la tragédie. Pourtant,
le 17 mai 2003, à la Haute Cour du Gujarat, à Vadodara
(Baroda), elle atteste que les 21 personnes au banc des accusés
sont innocentes et nont rien à voir avec lincendie.
Le magistrat Mahida conclut :
1) Quil y avait eu un délai
inexcusable dans le premier rapport denquête préliminaire.
2) Que les individus arrêtés
navaient rien à voir avec le carnage ; parmi eux certains
avaient même aidé à sauver 65 musulmans du quartier
de la boulangerie ; un témoin, Lal Mohammed Shaikh, résident
de ce quartier déclara que lui-même, ainsi que 17 membres
de sa famille furent sauvés par des individus se trouvant parmi
les accusés.
3) Le magistrat critiqua la police pour avoir, sans enquête, harcelé
des innocents qui se trouvaient sur le lieu du crime.
Le 27 juin 2003, les
21 interpellés sont acquittés par manque de preuves, et
Zaheera Sheikh sestime satisfaite.
Peu après cet
acquittement, Zaheera reçoit au milieu de la nuit la visite de
trois personnes de sa communauté. Il faut quelle change
sa déclaration à la cour, « dans lintérêt
de leur communauté ». Accompagnée
de sa mère, elle est emmenée « sans son consentement »
à Mumbai (Bombay), où elle sera gardée deux jours
à lhôtel, puis emmenée chez Teesta Setalvad [3],
activiste des fameux « droits de lhomme ».
Là Zaheera et sa mère sont « gardées
en otage » pendant plusieurs mois. Teesta Setalvad prépare
des déclarations que Zaheera devra signer sous serment devant
la National Human Rights Commission (NHRC), où elle désignera
coupables des personnes quelle considère innocentes. Elle
« avouera » avoir menti lors du procès
à Vadodara, « tremblante de peur et menacée »
par des leaders hindous, incriminant donc ces leaders ainsi que les
21 personnes précédemment acquittés. La Haute Cour
du Gujarat soupçonne une intervention extérieure sur le
témoin, elle rejette cette déclaration et maintient les
acquittements. Le tribunal de la Cour suprême par contre accepte
la rétraction, et le procès reprend son cours.
En 2004 Zaheera réussit
à se libérer de son confinement par lactiviste,
et en novembre, saisie de remords davoir fait inculper des innocents,
elle fait une déclaration qui va déranger beaucoup lordre
des choses. « Cest le Ramadan et je veux dire la vérité.
Ce que jai déclaré à la cour de Vadodara
lors du procès était ma vraie déclaration, et le
jugement à Vadodara était correct et me donne pleine satisfaction. »
Zaheera déclare que tout ce quelle a pu dire après
avoir quitté la cour était contraint et forcé par
Teesta Setalvad et son associé Rais Khan, qui se sont « servis
delle » à leurs propres fins. Dans sa déposition
à lenquête du juge Nanavati en 2006, Zaheera accusera
encore lactiviste de lavoir gardée enfermée
et poussée à accuser dinnocentes personnes.
La Cour suprême
sénerve, appelle la jeune fille « flip flop
Zaheera », « menteuse auto-condamnée »,
et sans chercher à en savoir davantage, la condamne à
un an de prison ferme pour outrage à la cour et à une
amende de 50,000 roupies, quelle devra régler avant deux
mois, faute de quoi la peine se reconduira dun an. Teesta Setalvad
est innocentée.
En décembre
de la même année, Zaheera est expulsée de sa communauté,
avec lapprobation du All India Muslim Personal Law Board,
pour avoir « constamment menti » en réalité,
pour avoir soutenu 21 hindous faussement accusés.
Mais continuons notre
exploration.
Les dossiers prémédités
Smita Narula de Human Rights Watch
(dossier du 30 avril 2002) intitulait son article : « Nous
navons pas lordre de vous sauver » Participation
et Complicité de lÉtat dans la violence inter-communautaires.
Ces propos venant des rives américaines ont été
bus comme du petit lait par lestablishment et lélite
en Inde, mais relevaient-ils vraiment des « droits de lhomme » ?
Smita Narula intimait que ce qui est arrivé au Gujarat nétait
pas un soulèvement populaire, mais une attaque orchestrée
contre les musulmans, organisée bien avant lincident de
Godhra, avec lample participation de la police et des officiels
du gouvernement patronnée par lÉtat
du Gujarat. De quelle enquête découlait cette grave déclaration
colportée aux quatre coins du monde ? Où se trouvent les
faits pour la corroborer ?
Une enquête authentique
Est-ce la raison pour
laquelle une enquête sous légide du Conseil des affaires
internationales et des droits de lhomme, basé à
New Delhi [4],
ne fut pas accueillie avec lintérêt que lon
aurait pu imaginer ou souhaiter, ne serait-ce que pour la critiquer
? Les conclusions furent publiées dès le 26 avril 2002
lors dune conférence de presse à Delhi. Les médias,
selon une vieille technique inlassable, glissèrent la nouvelle
dans le silence.
Les
cinq membres de cette commission denquête conduite sous
la direction du juge Tewatia [5]
passèrent six jours sur le terrain, explorant trois secteurs
dAhmedabad qui furent le théâtre de violences, et
les camps de secours où ils échangèrent librement
avec les deux communautés, sans ingérence de lÉtat.
À Godhra, cinq délégations de différentes
communautés leur présentèrent les faits et leurs
opinions. De même à Baroda dans sept localités et
dans cinq camps de secours. Furent également interrogés
le personnel des chemins de fer de la gare de Godhra, ladministration
du district, dont le préfet (« collector »)
et le commissaire de police, les rescapés du wagon S-6 du Sabarmati
Express, ainsi que les passagers dautres wagons, le personnel
des pompiers (dont le véhicule principal avait été
saboté).
Enfin, 13 délégations
comprenant 121 citoyens exprimèrent leur point de vue et leurs
informations à la Commission. Ces délégations vont
de lAssociation des hôteliers à un groupe de tribus
(« Vanavasis ») du Gujarat.
Conclusions « incontestables »
Quavait donc à dire la commission
denquête du juge D.S. Tewatia sur lévénement ?
Ci-dessous quelques-unes de ses conclusions, rendues publiques le 26
avril 2002, et quil qualifia d« incontestables »
:
« Lincendie qui a brûlé
vif 58 pèlerins hindous le 27 février 2002 est un acte
accompli sur les ordres dun pouvoir étranger hostile qui
avait prémédité lincendie du Sabarmati Express
entier transportant quelque 2 000 personnes. Lobjectif principal
était de créer en Inde une conflagration intercommunautaire
hindoue-musulmane. Les véritables auteurs du crime étaient
des éléments jihadis dans la ville de Godhra à
majorité musulmane. »
Par ailleurs, le rapport
du juge Tewatia établit les faits suivants :
Il
ny avait eu aucune dispute sur le quai de Godhra entre les passagers
et le vendeur de thé.
Bombes
incendiaires, ballons dacide et liquides hautement inflammables
stockés préalablement ont été utilisés
pour incendier les wagons.
Les conspirateurs ont empêché
les pompiers datteindre promptement le train en feu.
Cinquante-huit passagers du wagon
S-6 ont été brûlés vifs par une foule de
musulmans ; lun des conspirateurs, Haji Balal, était conseiller
municipal du parti du Congrès.
Quelquun a utilisé la
sonorisation de la gare pour inciter la foule à « tuer
les infidèles et ennemis de Bin Laden ».
Le rassemblement dune foule
denviron 2 000 musulmans en trois minutes ne pouvait pas être
spontané.
Concernant ladministration
:
Ladministration
locale na pas réagi rapidement au carnage de Godhra. La
police est restée passive et a hésité à
user de la force contre les criminels. Elle na pas tenté
darrêter les leaders de la foule qui a participé
à lincendie du wagon.
À
Godhra, Vadodara (Baroda) et Ahmedabad, la police a essayé de
contrôler la foule en émeutes, mais le plus souvent ny
est pas arrivée, étant surpassée en nombre par
des foules immenses, et étant insuffisamment armée ; dans
certains cas, la foule possédait des armes plus meurtrières
que celle des forces de lordre.
Ladministration nétait
pas préparée à absorber ces migrations massives
de gens affectés par les émeutes dans les deux communautés
et navait aucune idée de la quantité de travail
de secours et de réhabilitation nécessaires.
À beaucoup dendroits la police
a fait un travail louable de protection de vie et de propriété.
Les policiers, en général, ont réagi à la
situation sans préjugés communautaires.
Il manquait clairement lentraînement
nécessaire pour gérer les tensions dans un État
témoin de frénésies communautaires périodiques.
Déploiement
de larmée:
Les informations
disponibles démontrent quil ny a eu aucun délai
de la part du gouvernement du Gujarat à appeler et déployer
ses troupes.
Laprès Godhra
Le rapport du juge Tewatia révèle
par ailleurs que la participation des tribus dans les émeutes
ajouta une dimension nouvelle à la violence communautaire. Ce
sont ces communautés dites tribales, les Vanavasis, dans
les localités rurales, qui attaquèrent les musulmans.
Ils
se sont servis dans leurs attaques de leurs arcs et flèches
traditionnels et de leurs machettes. Se déplaçant en
groupes, ils ont utilisés des signaux codés pour communiquer.
Apparemment la colère accumulée pendant des années
dexploitation par les usuriers, par les commerçants et
les agents forestiers musulmans était sur le point dexploser.
Le rapport continue
:
Le
code éthique prescrit par le Conseil de la presse indienne
a été impunément enfreint... Les médias
ont sélectionné, dénaturé et ajouté
des éléments fictifs pour établir leur point
de vue [6]...
Dès le premier
jour, les bulletins de nouvelles télévisées, les
éditoriaux et les articles des quotidiens en anglais, « semblaient
être partis en croisade contre lÉtat du Gujarat ».
Ceci eut pour effet denrager les citoyens au point que plusieurs
dentre eux dans les localités perturbées, angoissés,
suggérèrent que la paix ne pourrait revenir quà
la condition que certaines chaînes de télévision
soient fermées pendant plusieurs semaines.
Quelques voix qui sauvent
Il serait injuste de ne pas mentionner
quelques voix qui sélevèrent, parmi les journalistes
eux-mêmes, contre cette énormité. Lune des
plus éloquentes fut celle de Vir Sanghvi, journaliste hindou
qui lui-même fait partie de cet establishment en opposition
au monde hindou. Vir Sanghvi eut une soudaine crise de conscience dans
The Hindustan Times (du 28 février 2002) :
« Il y a quelque chose
de profondément inquiétant dans la réponse de ce
que lon peut appeler lestablishment séculier [7]
vis à vis du massacre à Godhra ...
Il ny a eu aucune provocation...
Pourtant, ils
lavaient bien cherché ,
est le commentaire séculier dans son ensemble. Pratiquement ils
condamnent le crime, mais blâment les victimes...
« Tâchons de considérer lincident en dehors
des constructions séculières que nous avons parachevées
en Inde, et voyons à quel point une telle attitude semble bizarre
dans dautres contextes. Avons-nous dit que les
Américains lavaient bien cherché
lorsque les deux tours du World Trade Centre ont été
attaquées lan dernier ? Il y avait pourtant un immense
ressentiment là-bas aussi parmi les intégristes contre
la politique américaine, mais nous ne nous sommes pas même
demandé si ce ressentiment était ou non justifié.
Au lieu de cela, nous avons suivi la ligne du bon sens : nimporte
quel massacre est détestable et mérite dêtre
condamné.
« Lorsque Graham Staines et ses enfants ont été
brûlés vifs, avons-nous dit que ces missionnaires chrétiens
sétaient rendus impopulaires en se lançant dans
les conversions, et donc quils
lavaient bien cherché ?
Bien sûr que non, nous ne lavons pas dit.
« Comment se peut-il donc que ces pauvres pèlerins soient
une exception ? Comment se peut-il que nous les ayons déshumanisé
au point de ne même pas voir la tragédie humaine que représente
lincident... Sommes-nous devenus prisonniers de
notre propre rhétorique au point quun massacre terrifiant
ne mène à rien de plus quune occasion de dénigrer
le Sangh Parivar [8]
?
« Je connais bien les arguments car comme
la plupart des journalistes je les ai utilisés
moi-même. Et je continue daffirmer quils sont souvent
valides et nécessaires. Mais vient un moment où cette
sorte de construction séculière rigide va trop loin
; elle va à lencontre du but recherché. Lorsque
chacun peut voir que des passagers de train hindous ont été
massacré par une foule musulmane, vous ne gagnez rien à
mettre le meurtre sur le dos du VHP [9]
ni à argumenter que les victimes lavaient cherché.
Ceci non seulement insulte les morts (que dire des enfants ? lavaient-ils
cherché, eux aussi ?), mais insulte lintelligence des
lecteurs... »
P.
Parameswaram, directeur du Bharatheeya Vichara Kendram, en mars
2002, S. Gurumurthy dans The New Indian Express (2.3.02), Jaya
Jaitley, The Indian Express (7.3.02), Rajeev Srinivasan, Rediff
on Net (25.3.02), T. Tomas, Business Standard (26.4.02), François
Gautier, The Pioneer (30.4.02), M.V. Kamath, The Times of India
(8.5.02), Balbir Punj, The Outlook (27.5.02), exposent un règne
de labsurde qui traite comme quantité négligeable
la majorité de leurs concitoyens la communauté
hindoue parce quelle nest pas suffisamment regroupée
ou unie, et parce quelle est non agressive.
Bouffonneries
Deux ans et demi après
les événements, le 3 septembre 2004, le Conseil des ministres
du gouvernement central de lUPA [10]
approuva la nomination dun comité dirigé par U.C.
Banerjee, ancien juge de la Cour suprême, constitué par
le ministre des chemins de fer, lillustre bouffon Lallu Prasad
Yadav, pour enquêter sur les causes de lincendie du Sabarmati
Express.
« Lincendie
est un accident », conclut le juge Banerjee en janvier 2005.
Et cet accident a son origine « à lintérieur
du wagon, car aucune substance inflammable na pu être envoyée
de lextérieur ». Le conseil des ministres de
lUPA est satisfait. La politique a ses raisons que le bon sens
ignore.
Un survivant du carnage,
Neelkanth Bhatia, cependant, nétait pas satisfait, et eut
le courage de présenter une requête contre la nomination
de ce comité. En octobre 2006, la Haute Cour du Gujarat annula
la désignation du comité U.C. Banerjee quelle considérait
« illégale », en particulier du fait quune
autre commission denquête de haut niveau, celle du juge
Nanavati Shah, avait déjà été constituée
par le gouvernement pour enquêter sur le même sujet trois
mois plus tôt.
La Haute Cour rejeta
donc le rapport provisoire qui conclut à laccident et précisa
que cette conclusion est à lopposé des faits déclarés
et enregistrés. La nomination de ce comité est un exercice
de pouvoir « perverti », « illégal,
anticonstitutionnel nul et non avenu », conclut
la Haute Cour, qui ne manqua pas dobserver que ce rapport paraît
deux jours avant les élections au Bihar (lÉtat du
ministre des chemins de fer) !
Septembre 2008
Le rapport de
la commission denquête du juge Nanavati Shah vient de sortir
(voir annexe*).
Quatre ans denquête. Il lève le blâme sur le
peuple et la police du Gujarat ainsi que sur Narendra Modi, le premier
ministre de lÉtat : « Il ny a absolument
aucun signe qui indique leur participation. »
« Ces
événements étaient le résultat dun
complot plus vaste qui visait à créer une conflagration
dans une atmosphère de terreur et à déstabiliser
le gouvernement du Gujarat », conclut le rapport, qui confirme
celui du juge Tewatia, beaucoup plus succinct et moins officiel, publié
six ans plus tôt.
Les coupables sont
nommés. Selon le juge, un certain Maulvi Hussain Umarji de Godhra
était le cerveau des opérations. Deux des principaux accusés,
Salim Panwala et Farukh Bhana, sont en fuite, vraisemblablement réfugiés
au Pakistan. Dautres individus impliqués de près
ou de loin à laffaire ne seront guère inquiétés,
considérés bons collaborateurs du gouvernement central
actuel de lInde.
Ceci
éclaire le fait quune requête de Citizens for
Justice and Peace ait été déposée à
la Cour suprême pour suspendre la publication de ce rapport et
demander « quaucune action ne soit prise sur ses recommandations [11] ».
Le tribunal rejeta vivement cette tentative, et permit au public davoir
enfin accès aux conclusions du juge Nanavati Shah.
Hélas sous les
pressions du gouvernement, des National Human Rights et de Citizens
for Justice and peace, le tribunal de la Cour suprême vient
de déclarer que les auteurs du carnage de Godhra (qui ont prémédité
lincendie du train entier et ont brûlés vifs 58 pélerins
le 27 février 2002), ne seront pas jugés selon la loi
réservée aux terroristes (la loi « POTA »)
; le tribunal déclare au peuple de lInde que ces terroristes
nen sont pas.
Dans le New Indian
Express du 24 octobre dernier, un professeur de luniversité
Jawarlal Nehru à Delhi (JNU), berceau du politiquement correct,
sinsurge tout de même : « Il est devenu à
la mode de traiter le terrorisme comme une forme de violence parmi dautres
et de minimiser ses conséquences dévastatrices. Les
vies sont importantes, les droits sont importants, mais seulement ceux
des inculpés de terrorisme. Les victimes du terrorisme meurent
en vain car ils nont pas ces droits. Cest en tout cas la
façon dont le courant dominant indien se comporte [12]. »
Moralité, comme
le remarquait ce grand historien de lart, A.K. Coomaraswamy en
1909 : « Il est bien regrettable que la diffamation dun
pays ou dune religion ne puisse être punie comme peut lêtre
celle dun individu ». Car, aussi lamentable que cela
puisse paraître, les intégristes chrétiens, musulmans,
communistes ou politiques, individus ou organisations, continueront
de vilipender les hindous du Gujarat et à détailler inlassablement
et artistiquement des « carnages » de laprès
Godhra.
Ces calomnies sétaient
déversées sur les Gujaratis avec une volonté dimpliquer
les hindous dans des actes que daucun temps ils navaient
commis. De les accuser dhorreurs que pendant des siècles
et jusquà nos jours, ils ont eux-mêmes subites. Ainsi
va la politique et le modèle dharmonie médiatique
: lors démeutes ou dattaques à la bombe par
les musulmans sur les hindous, il est de bon ton daccuser les
victimes afin de contrôler déventuelles révoltes.
« Pour
préserver la paix, jai délibérément
trompé les gens à propos des explosions en mars 1993 à
Bombay », avoua ingénument Sharad Pawar, ex-Premier
ministre du Maharashtra. Après 11 explosions
à la bombe le 12 mars 1993, qui ont fait 257 morts et 713 blessés
dans les quartiers hindous, il en inventa une douzième dans un
quartier musulman pour que ces derniers ne soient pas les seuls accusés
de terrorisme [13]
!
Le Gujarat a été
particulièrement éprouvé ces dernières années.
Par un tremblement de terre dévastateur en janvier 2001 dans
la région de Bhuj, qui fit plus de 20000 victimes ; puis ce wagon
de pèlerins calcinés en février 2002 et lexplosion
populaire qui a suivi, puis une nouvelle attaque terroriste en septembre
de la même année, dans un temple hindou (le temple Akshardham)
qui fit 33 morts et 70 blessés... Au milieu de ces tragédies
les Gujaratis semblent navoir aucun doute quant à la sincérité
de leur Premier ministre dont ladministration se trouve être
parmi les moins corrompues de toute lInde. Les élections
de lÉtat ont eu lieu deux fois depuis ces événements
: en décembre 2002 et en décembre 2007. Narendra Modi,
le Premier ministre, remporta deux victoires électorales écrasantes,
en dépit de campagnes médiatiques extrêmement hostiles
et déchaînées qui lont traîné
dans la boue. Cet homme voulait-il vraiment décimer cinq millions
de citoyens, les musulmans de lÉtat du Gujarat ? Le moins
que lon puisse dire est que les média ont peu de contact
avec la réalité indienne.
Officiellement lInde
a voulu oublier un millénaire dintolérance islamique
sur son peuple. Un pan de son histoire est englouti dans un désert
de silence. Ainsi, des millions dIndiens massacrés au cours
des siècles nont pas droit au souvenir. Pas même
dans les livres de classe, où les envahisseurs sont tournés
en héros. Ganesh le scribe traditionnel est délogé
par un certain nombre d « autruches » qui
gravent lhistoire. Cette mutilation perpétue des plaies
sur lesquelles, jamais, aucun baume ne passe.
« Tu déranges
mon eau », dit le loup en amont à lagneau. Mais
il se peut que lagneau ne soit plus disposé à perpétuer
son rôle de victime.
(Nicole Elfi a pris la route de l'Inde il y a plus
de trente ans et y séjourne depuis, dans le Tamil Nadu. Elle
est venue à l'Inde attirée par l'expérience de
Mère et de Sri Aurobindo et a travaillé à la publication
d'oeuvres les concernant ainsi qu'à des recherches sur la culture
indienne. Nicole elfi est l'auteur du livre Aux
Sources de l'Inde, l'initiation à la connaissance, Éditions
Les Belles Lettres.)
Notes et références
:
[1] Voir Godhra
the Missing rage, de S.K. Modi, Ocean Books (2004: New Delhi)
[2] Voir sur notre site la rubrique consacrée
à la « controverse » d'Ayodhya.
[3] Activiste sociale et Secrétaire de Citizens
for Justice and Peace (ONG).
[4] Council for International Affairs and
Human Rights, New Delhi.
[5] Justice D.S. Tewatia est un ancien président
des Hautes Cours de Calcutta, du Punjab et du Haryana ; lenquête
comprenait également Dr. J. C. Batra, avocat principal à
la Cour suprême, Dr. Krishnan Singh, universitaire, Jawahar Lal
Kaul, journaliste chevronné, et Prof. B. K. Kuthiala, Doyen de
la Faculté des études médiatiques à luniversité
Guru Jambheshwar de Hisar.
[7] Le terme de « secular », en Inde, a
un sens à lopposé de son sens originel. Lorsquen
Europe la laïcité fut conçue pour libérer
la société civile de la société religieuse
et des églises, ici ce sont ces dernières, y compris les
musulmans, qui portent létiquette « séculier »,
par opposition aux hindous dont la culture spirituelle a toujours laissé
les êtres libres de toute imposition dogmatique (et qui sont les
seuls à demander un code civil commun à tous) : ce sont
ces derniers qui sont appelés « sectaires »,
« bigots », et non séculiers.
[8] Le Rashtrya Sangh Parival ou RSS est une organisation
hindoue qui comprend, dit-on, deux millions dIndiens sur toute
lInde, en particulier parmi les gens simples, consacrée
essentiellement à un service social et national. Soulignons que
cette organisation na jamais été accusée
de violence ou de crime ni de terrorisme, bien que pour les mêmes
raisons citées plus haut, elle porte un certain nombre détiquettes
qui vont du fascisme au nazisme !
[9] Le Vishva Hindu Parishad ou VHP est une organisation
de soutien culturel aux hindous qui est gratifiée des mêmes
qualificatifs que lorganisation citée plus haut.
[10] Le UPA est une coalition de partis divers, dont
le principal est le parti du Congrès présidé par
Sonia Gandhi ; Manmohan Singh, également du Congrès, est
le Premier ministre.
Notons quà la date du 8 décembre 2006, 93 députés
sont impliqués dans des procès criminels ; 10 dentre
eux font partie du conseil des « honorables ministres »
avec des chefs daccusation qui vont du viol au meurtre, en passant
par lextorsion (réf : Association of Democratic Reforms
[ADR], New Delhi, cité dans The New Indian Express, 6.12.2020).
[11] Teesta Setalvad de Citizens for Justice and
Peace (ONG), demande au tribunal de suspendre la sortie du document
et dinterdire toute action sur les recommandations de cette enquête.
Faute de quoi, « des millions dexemplaires du rapport
seront distribués et risquent de conduire à des violences
entre communautés ». Que jamais la vérité
ne sorte ! elle pourrait créer de la désharmonie.
[12] P R Kumaraswamy dans le New Indian Express
du 24 octobre 2008, article intitulé : « All have
the right to live. »
*Annexe
Extraits du rapport de la commission denquête
du juge Nanavati (18 septembre 2008)
223. Ajay Bariya in his statements
recorded by the police on 4.7.2020 and J.M.F.C. Godhra on 9.7.2020
has stated that on 27-2-2002, he had gone to Godhra railway station
at about 7.00 a.m. After referring to the incident of Mohmad Latika,
he has stated that after the chain was pulled and the train had
stopped, he had gone out of the station. Shaukat Lalu had met
him there and told him to run along with them. So he had gone
with them to the backside of Aman Guest House. Shaukat and others
had then gone inside the room of Razak Kurkur and come out with
Kerbas. He was asked to put one Kerba in the rickshaw which was
standing nearby. Petrol like smell was coming from it. Thereafter
others had also come there with Kerbas and they were all kept
in the tempy. All of them had then got into that vehicle which
after passing through Bhamaiya nala and Ali Masjid had stood near
the railway track near 'A' cabin. Each one of them was asked by
Shaukat Lalu to carry one Kerba with him. At that time he had
come to know that the train was to be set on fire. They had run
towards the train through the foot track. He himself was reluctant
go with those persons but Shaukat Lalu had compelled him to go
along with them. He has then described in his statement how the
coaches were attacked and coach S/6 was set on fire. According
to him, Shaukat Lalu and Mohmad Latika had forcibly opened the
sliding door of S/6 leading to coach S/7 and entered coach S/6
through that door. Hasan Lalu had thrown a burning rag which had
led to the fire in S/6.
224. It is rightly pointed out by the Jan Sangharsh
Manch that there was no prior information with the police and
the authorities at Gandhinagar regarding the return journey of
the Karsevaks from Ayodhya as can be gathered from the evidence
of Mahobatsinh Zala (W-17), Raju Bhargav (W-31), DGP K.A. Chakravarti,
Addl. DGP R.B. Shreekumar (W-995) and Ashok Narayanan, Chief Secretary,
Home Department (W-994). Under the circumstances prevailing then,
movements of Karsevaks was not a matter of concern. That appears
to be the reason, why the police had not thought it necessary
to keep itself informed about (171) their movements.
Merely because the police was not aware about
the return journey of Karsevaks from Ayodhya, it would not follow
therefrom that no one had known about their return journey from
Ayodhya. Anyone who wanted to know about it could have obtained
that information easily. Therefore, it would not be correct to
say that there was no scope for any conspiracy, as the alleged
conspirators did not know that Karsevaks were going to return
from Ayodhya by that train. VHP had already announced earlier
its plan of taking Ramsevaks to Ayodhya for the 'Purnahuti Maha
Yagna'.
225. It is also true that some other train
carrying Karsevaks going to Ayodhya had passed through Godhra
railway station and the conspirators could have attacked them
in pursuance of the object of the conspiracy to burn a coach carrying
Ramsevaks and it was not necessary for them to wait till the morning
of 27th February, 2002. Other possibilities cannot make doubtful
what really has happened. Why the conspirators chose the Sabarmati
Express train coming from Ayodhya and why coach S/6 thereof was
made the target, was obviously the result of many factors, including
what was desired by and suitable to the conspirators. Unless the
conspirators who took that decision disclose the real reason,
it would be a matter of drawing an inference from the surrounding
facts and circumstances. It appears that the decision to put the
plan into action was taken on the previous evening. On 26.2.2021
at about 9.30 p.m. the first step for procuring petrol was taken.
It is likely that the conspirators had decided to burn a coach
of this train as it used to pass Godhra during the night. That
would have enabled them to carry out their object without being
noticed and identified. It appears that because the train was
running late, they had to make some changes in their plan and
circulate a false rumour regarding abduction of a Ghanchi Muslim
girl. That was done in order to collect large number of persons
near the train and induce them to attack it, so that they get
sufficient time to go near the train with petrol. It was also
an (172) attempt to show that what happened was done by an angry
mob because of the earlier incidents which had taken place at
the station. The mob consisting of the general public would not
have set coach S/6 on fire on the basis of the false rumour as
their attempt in that case would have been to stop the train,
search for the abducted girl and rescue her.
226. Ranjitsinh Jodhabhai Patel and Prabhatsinh
Gulabsinh Patel serving at Kalabhai's petrol pump were present
at the petrol pump on 26.2.2021 at about 10.00 p.m. Both of them
have stated that at about that time Rajak Kurkur and Salim Panwala
had come there and told Prabhatsinh to give them about 140 litres
of petrol. Petrol was filled in the carboys which were brought
in a tempy rickshaw. Prabhatsinh has further stated that Jabir
Binyamin, Shaukat Lalu and Salim Jarda had come in the tempy.
Both these witnesses have explained in their statements why they
had earlier told the police that they had not given loose petrol
to any one in a carboy on 26.2.2002.
227. On the basis of the facts and circumstances
proved by the evidence the Commission comes to the conclusion
that burning of coach S/6 was a pre-planned act. In other words
there was a conspiracy to burn coach S/6 of the Sabarmati Express
train coming from Ayodhya and to cause harm to the Karsevaks travelling
in that coach.
228. The confessions of Jabir Binyamin Behra,
Shaukat alias Bhano son of Faruk Abdul Sattar and Salim alias
Salman son of Yusuf Sattar Jarda have also been placed before
the Commission for its consideration. Jabir Behra had made a confession
before the Chief Judicial Magistrate, Panchmahal District under
section 164 of Cr.P.C. The confessions of Shaukat and Salim were
recorded under the provisions of Prevention of Terrorism Act,
2002. It was contended by the Jan (173) Sanghars Manch that the
Commission should not consider the confessions of the accused
as the findings that may be recorded by this Commission are likely
to cause prejudice to the accused in the trial which is pending
before the Sessions Court. This objection was raised at an earlier
stage of inquiry and it was rejected by passing an order. .
The inquiry before by the Commission is a fact finding inquiry
and therefore, the Commission can look into and consider any piece
of evidence for finding out the correct facts provided it is satisfied
about its correctness. (174)
229. Jabir Behra in his confession dated 5.2.2021
has stated that he had gone with Salim Panwala to the petrol pump
of Kalabhai for bringing petrol. Though the carboys filled with
petrol were kept in the guest house of Rajak Kurkur, Salim Panwala
had then gone to the Station to inquire whether the train was
on time or was running late. Returning there from he had informed
them that the train was running late by about 4 hours. Therefore,
he had gone to home. He had again gone back to Aman Guest House
at about 6.00 o'clock in the morning of 27th. Along with Salim
Panwala, Shaukat Lalu and others he had gone in the tempy along
with carboys to a place near 'A' cabin. He has further stated
that Mohmed Latika had cut the vestibule between coach S/6 and
S/7 and entered the coach through that opening and he had also
followed him. Both of them had then together by force opened the
door of coach S/6. They had gone inside with two carboys. Shaukat
Lalu had followed them and opened the door of coach on A cabin
side. Through that door Imran Sheri, Rafik Batuk and Shaukat Lalu
had come inside the coach with more carboys. Those carboys were
thrown in the coach and immediately thereafter there was a fire
in the coach. Shaukat Lalu has also in his confession dated 19.8.2020
given these details. Salim Jarda in his confession dated 20.06.2020
has also stated that he had accompanied Salim Panwala, Siraj Bala,
Jabir and Shaukat Lalu while going to the petrol pump of Kalabhai
at about 9.30 p.m. for procuring petrol. He has also referred
to the message sent by the Maulvi Saheb. Since he was reluctant
to take any further part in such a bad act Rajak Kurkur had not
allowed him to go. He was forced to stay in one room of the Guest
House. He has then stated that next day morning he, along with
Jabir Behra, Irfan, Shaukat Lalu and others had put the petrol
filled carboys in the tempy and gone near A cabin. Rajak Kurkur
and Salim Panwala had also followed them. He had thereafter not
taken any part in the attack on the train and had remained standing
at some distance.
All these three persons have retracted their
(175) confessions but that by itself is not a good ground for
throwing them out of consideration. When considered along with
other facts proved by the evidence details given by this accused
regarding the manner in which coach S/6 was burnt appear to be
true. These confessions disclose that Rajak Kurkur and Salim Panwala
were the two main persons who had organized execution of the plan
and that what was being done was according to what was planned
earlier and the directions of Maulvi Umarji. All the acts like
procuring petrol, circulating false rumour, stopping the train
and entering in coach S/6 were in pursuance of the object of the
conspiracy. The conspiracy hatched by these persons further appears
to be a part of a larger conspiracy to create terror and destabilise
the Administration.
229. The Commission is required to consider
the role and conduct of the then Chief Minister and/or any other
Minister(s) in his Council of Ministers, Police Officers other
individuals and organizations in the Godhra incident (i) in dealing
with any political or non-political organization which may be
found to have been involved in the Godhra incident and also (ii)
in the matter of providing protection, relief and rehabilitation
to the victims of communal riots and (iii) in the matter of recommendations
and directions given by National Human Rights Commission from
time to time. There is absolutely no evidence to show that either
the Chief Minister and/or any other Minister(s) in his Council
of Ministers or Police offices had played any role in the Godhra
incident or that there was any lapse on their part in the matter
of providing protection, relief and rehabilitation to the victims
of communal riots or in the matter of not complying with the recommendations
and directions given by National Human Rights Commission. There
is no evidence regarding involvement of any definite religious
(176) or political organization in the conspiracy. Some individuals
who had participated in the conspiracy appear to be involved in
the heinous act of setting coach S/6 on fire.
230. The policemen who were assigned the duty
of travelling in the Sabarmati Express train from Dahod to Ahmedabad
had not done so and for this negligent act of their an inquiry
was held by the Government and they have been dismissed from service.
Ahmedabad. (G.T. Nanavati)
(Akshay H. Mehta)
September 18, 2020 Chairman Member
Le texte intégral de ce rapport est disponible
en ligne sur le site du gouvernement du Gujarat : http://home.gujarat.gov.in/homedepartment/downloads/godharaincident.pdf