Dans
un article publié par le journal « Le Monde »
du 13 février 2001, le journaliste Henri Tincq commente les conclusions
d'un rapport établi par la Fédération protestante
de France, la commission Justice et Paix de lÉglise catholique
et lACAT (Action des chrétiens contre la torture). Ce rapport,
avalisé par les Églises en France, dénonce les persécutions
dont seraient victimes les chrétiens dans plusieurs pays, et
particulièrement en Inde où, selon les auteurs, « des
églises sont régulièrement plastiquées,
des bibles brûlées, des prêtres assassinés ».
Prenant pour argent comptant les conclusions
de ce rapport, Henri Tincq affirme que « depuis l'arrivée
au pouvoir du parti nationaliste hindou BJP (Bharatiya Janata Party)
en 1998, les musulmans et les chrétiens sont victimes d'organisations
extrémistes proches du BJP ». Selon lui, les nationalistes
hindous feraient « du christianisme une menace étrangère
pour la culture hindoue et lidentité du pays ».
Et Henri Tincq met sur un même plan le nationalisme affiché
par ces organisations hindoues et le fondamentalisme sunnite qui ensanglante
la planète.
Bien qu'écrite en 2001, cette réponse
reste malheureusement d'actualité tant l'activité, souvent
aggressive, des missionnaires chrétiens se poursuit en Inde et
que, face à celle-ci, les revendications des organisations hindoues
demeurent ignorées par les autorités indiennes et assimilées
par des journalistes, tel Henri Tincq, à de l'intolérance
religieuse.
À lattention
de Monsieur Tincq
Monsieur,
Je me permets de vous
écrire suite à la parution dans « Le Monde »
de votre article Persécutions contre les minorités
chrétiennes paru le 13 février 2001.
Je ne sais si les
minorités chrétiennes subissent des discriminations dans
les pays que vous citez, mais en ce qui concerne l'Inde où j'ai
vécu plusieurs années et où j'ai de nombreux contacts,
vous présentez une image totalement fausse de la situation des
minorités religieuses dans ce pays, relayant parfaitement le
son de cloche que veulent faire entendre les églises chrétiennes.
Ces dernières
se gardent bien de mentionner que si des tensions existent avec la population
hindoue dans certaines régions, et qui parfois mènent
à des actes de violence, c'est essentiellement parce que les
hindous s'opposent aux campagnes de conversions massives menées
par les missionnaires déglises
chrétiennes au mépris des protestations des organisations
hindoues.
Si le droit à
la liberté de manifester sa religion ou d'en changer est un des
piliers de la Déclaration universelle des droits de l'homme,
comme vous le rappelez, le droit d'y convertir n'y figure certainement
pas. Bien au contraire il va à l'encontre des droits de l'homme.
Et il ne faudrait pas confondre M. Tincq, comme le font intentionnellement
les églises chrétiennes, la liberté de pratiquer
sa religion et le droit de convertir.
L'hindouisme
est peut être la religion, si tant est que l'on puisse parler
de religion, qui respecte le plus ce droit fondamental de liberté
religieuse, parce que celui-ci fait partie intégrante de sa philosophie,
comme le droit de changer de religion. Pour un hindou toutes les religions
sont des manières différentes de conduire au divin, et
les hindous considèrent Jésus comme une émanation
divine parmi d'autres, contrairement aux chrétiens pour qui Jésus
est l'unique sauveur, fils de leur dieu unique. Pour les églises
chrétiennes et leurs missionnaires, à de très rares
exceptions, comme le père Ceyrac, un des derniers pères
blancs en Inde, en dehors de l'Église point de salut, les autres
dieux sont de faux dieux et leurs adeptes des brebis égarées
qu'il faut ramener sur le chemin du Christ. Et selon les Écritures,
propager la parole du Christ est un devoir inhérent à
l'Église et à tout vrai chrétien vis-à-vis
duquel il ne peut y avoir de compromis. « La mission essentielle
de l'Église est d'évangéliser tous les hommes »
(Paul VI, Evangelii nuntiandi).
Nous
connaissons les conséquences sanglantes de ce funeste exclusivisme
et de cette intolérance. Des civilisations entières ont
été rayées de la surface du globe au nom du Christ.
En Inde, dans l'État de Goa, le « Saint »
Office de l'Inquisition envoya au bûcher et à la torture
des milliers d'hindous et détruisit quantités de temples,
de 1560 à 1812, avant de pouvoir convertir la majorité
de la population locale. Persécutions pour lesquelles les représentants
de la communauté hindoue demandent aujourd'hui des excuses à
l'Église. Lors de sa visite en Inde en novembre 1999, Jean Paul
II est resté sourd sur ce point, comme sur celui des conversions
d'ailleurs, annonçant même, au mépris de ses hôtes,
que le troisième millénaire serait celui de l'évangélisation
de l'Asie. De quoi encourager les missionnaires chrétiens et
de quoi renforcer la colère légitime, ne croyez-vous pas,
de la population hindoue pourtant si pacifique et tolérante de
nature.
Depuis
plusieurs années des milliers d'évangélistes, souvent
financés par des églises et organisations américaines,
se pressent vers les régions les plus reculées de l'Inde,
afin d'y convertir les populations tribales hindoues. Ces missionnaires
exaltés qui ont déclaré vouloir ouvrir une église
par semaine, n'hésitent pas à insulter les divinités
traditionnelles des populations locales, les incitant à jeter
leurs idoles, promettant l'enfer aux récalcitrants, maisons et
aides diverses à ceux qui embrasseraient la nouvelle religion
et son dieu unique. Pour quelques dollars ils font construire une église.
Et leurs soi-disant uvres de bienfaisance, pour lesquelles ils
reçoivent des fortunes des États-Unis et d'Europe, ne
sont bien souvent qu'une façade à leurs activités
missionnaires. (daprès Marc Epstein dans l'Express du 25
mars 1999).
Et
si l'Inquisition n'existe plus de nos jours, sachez que dans le Nord-Est
de l'Inde, notamment en Assam et dans l'état de Tripura, la collusion
entre les églises et organisations chrétiennes et les
mouvements séparatistes est aujourd'hui un fait avéré.
Dans les régions qu'ils contrôlent, ces derniers, en échange
de l'aide financière et logistique des missionnaires, détruisent
des temples ou interdisent leur accès à la population
hindoue qu'ils terrorisent. Alors que dans ces mêmes régions
les églises fleurissent (« New Indian Express 01847 »,
novembre 2000).
Allez
sur les sites internet des organisations religieuses, principalement
américaines, et voyez comment elles considèrent l'hindouisme
et les hindous. Point de tolérance de leur part mais du pur fanatisme
religieux. Quelques groupes baptistes ou pentecôtistes disposent
même d'un site internet, où un compteur électronique
indique en temps réel, comme dans un jeu vidéo, le nombre
d'Indiens convertis (comme le rapporte Marc Epstein dans larticle
précité).
Que
dire de l'exploitation religieuse du terrible tremblement de terre au
Gujarat (en janvier 2001) par certains membres de la communauté
chrétienne qui n'hésitent pas à déclarer
que c'est Dieu qui est venu punir les hindous et que ceux-ci doivent
se tourner vers l'unique sauveur. Mr T. John, Ministre Congrès
du Karnakata, a du démissionner de ses fonctions pour avoir tenu
des propos similaires lors d'une manifestation organisée par
une institution chrétienne.
Sur leur site internet,
plusieurs organisations vont même jusqu'à lancer ouvertement
des appels à leurs donateurs et aux missionnaires pour qu'ils
intensifient leurs efforts et profitent du désarroi de la population
hindoue afin d'en convertir le plus grand nombre, comme ils l'avaient
déjà fait après le passage du cyclone en Orissa
en 1999.
Ne trouvez-vous pas
cela révoltant ?
Par leurs conversions
les missionnaires détruisent le tissu social et la culture ancestrales
de communautés entières, principalement dans les régions
tribales de l'Inde. Des populations qui vivaient en parfaite harmonie
jusqu'alors se retrouvent divisées entre chrétiens et
non chrétiens, élus de Dieu et supposés païens
voués aux enfers, et des tensions apparaissent. Tensions entretenues
par les missionnaires dont la devise est « diviser pour mieux
convertir ».
Face à tout
cela, comment ne pas comprendre la colère de ces populations
et des organisations hindoues ? Peut-on vraiment parler d'extrémisme
hindou dans ce cas-là ? Au même titre que celui pratiqué
dans les pays islamistes qui ne tolèrent aucune autre religion
que l'Islam ? Certainement pas ou alors les mots n'ont plus de
sens.
En ce qui concerne
les tensions entre hindous et musulmans, je mentionnerai simplement
ces quelques mots du père Ceyrac qui vit en Inde depuis plus
de soixante ans, publiés dans « Le Figaro Magazine »
du 1er avril 2000 : « Les hindous ont tellement été
persécutés par les musulmans que leur sentiment nationaliste
s'est exacerbé ces dernières années [...] les tensions
entre hindous et musulmans sont très dangereuses, principalement
parce que les musulmans sont intransigeants et répondent immédiatement
par la violence ». Et de conclure : « Pour un
hindou, il importe peu que vous soyez musulman ou chrétien. Tout
est dieu pour l'hindou. Tout est transcendance ».
L'hindouisme ignore
le prosélytisme et ne peut comprendre celui des deux principales
religions monothéistes. M.Tincq, de quel droit l'Église
peut-elle se prévaloir pour vouloir imposer son dieu à
des peuples issus de civilisations millénaires ? N'est-ce
pas là pur fanatisme et obscurantisme ?
Et c'est bien le prosélytisme
de ces deux religions et leur attitude vis-à-vis des hindous,
qu'elles considèrent souvent comme des non-croyants, qui inquiètent
les organisations hindoues. Prosélytisme dénoncé
aussi lors de la Kumbha Mella par Sa Sainteté le Dalaï Lama
que vous ne pourrez accuser d'être un extrémiste.
Malgré la colère
légitime de la population et des organisations hindoues, croyez-moi,
la minorité chrétienne en Inde ne subit pas le sort que
vous présentez dans votre article. Non, on ne plastique pas les
églises et on n'assassine pas les prêtres régulièrement
en Inde comme vous l'écrivez.
Sur quels faits vous
basez-vous donc pour avancer ces allégations totalement mensongères
? Vous semblez tout simplement donner aveuglément foi au rapport
de la commission Justice et Paix de l'Église catholique et de
l'ACAT dont l'impartialité, permettez-moi, peut être mise
en doute. D'ailleurs, comme vous le verrez ci-dessous, le rapport de
la National Commission for Minorities (NCM) paru en Inde en février
2001, le contredit formellement. Ce rapport conclut qu'aucun parti politique
en particulier, aucune organisation, religieuse ou non, n'a orchestré
les attaques dont ont pu être victimes des chrétiens. Ce
sont des actes individuels isolés. Par contre, ce rapport condamne
les médias pour leur empressement à établir ce
genre de conclusion. Enfin, pour la NCM, le problème entre les
communautés n'est pas aussi aigu que veulent bien le laisser
entendre les médias et pourrait être résolu si les
représentants de chacune des communautés acceptaient de
négocier.
En 1998, le rapport
de la Commission du juge Wadhwa avait lui aussi innocenté les
organisations hindoues de toute participation dans le meurtre du pasteur
Staines missionnaire australien engagé dans des conversions
auprès des populations tribales d'Orissa , contredisant
les accusations des églises et organisations chrétiennes
et la campagne médiatique contre les organisations hindoues qui
s'ensuivit. Ce que les journalistes s'étaient bien gardé
de rapporter d'ailleurs.
Faut-il aussi rappeler
M. Tincq, que G. Fernandes, le puissant ministre de la défense
du gouvernement BJP est chrétien (note : depuis les élections
du printemps 2004 le BJP n'est plus au pouvoir).
Mais si les églises
chrétiennes et les autorités indiennes persistent dans
leur refus d'entendre les appels des organisations hindoues pour que
cessent les conversions et les méthodes sans scrupule des missionnaires,
effectivement, un jour viendra peut être où la communauté
hindoue, à bout, explosera.
Vous concluez votre
article en écrivant que ce rapport accrédite la thèse
d'une montée planétaire des tensions ethnico-religieuses.
Sur ce point les minorités hindoues d'Afghanistan, Pakistan,
Bangladesh et de l'État du Cachemire indien d'où elles
ont été presque en totalité éradiquées
ces cinquante dernières années seront tout à fait
d'accord. Oubliées de tous elles disparaissent progressivement.
Quant au fait que
« Le Monde », sous votre plume, se fasse le porte-parole
des églises chrétiennes...
La déontologie
de votre métier et le sérieux habituel de votre journal
exigerait un nouvel article dans lequel vous auriez à cur
de rétablir les faits.
The National Commission
for Minorities (NCM) has ruled out involvement of any religious group
in the series of attacks on the Christians in the country recently.
NCM chairman Justice
Mohammad Shamim and Vice-Chairman Tarlochan Singh, who arrived here
on a week-long visit to the state to discuss various problems related
to minorities, told newspersons on Wednesday that there had been no
organised violence against the Christians in the country.
« No particular
party, organisation or religious body are behind the attacks »,
they said and accused the media of unnecessarily over-playing the incidents.
The incidents reported
by the media were found to be stray cases confined to individuals in
a particular village or area, they claimed.
Singh said the NCM
had visited Gujarat, Rajasthan, Uttar Pradesh, Karnataka, Madhya Pradesh
and Orissa and investigated almost all the incidents on the Christains
reported in the media, but nowhere had they come to the conclusion of
any organised attack or involvement of any organisation.
The NCM chairman said
the leaders of both the Hindu and the Christian communities should come
forward to hold discussions to resolve any misunderstanding.
The NCM, he said, had
taken an initiative to hold a dialogue at the national level, in New
Delhi next month, between the two communities to resolve the problems.
This would be followed by discussions at the state level between the
leaders of both communities.
NCM Vice-Chairman T
Singh said RSS leaders had recently written to the commission to initiate
a dialogue at the earliest.
Commission member John
Joseph said Christians should not blame the Hindus for any attack on
them. He also appealed to the Hindu spiritual leaders to support and
protect the Christians.
The NCM appealed to
the press not to precipitate the matter and exercise restraint.
The NCM felt that the
communal problem in the country was not as acute as projected by the
media and could easily be solved if the community leaders came to the
negotating table.
Referring to the reservation
of the Christians on certain clauses of the Freedom of Religion Act,
the NCM Chairman said similar acts were also formulated in Rajasthan,
West Bengal and Madhya Pradesh, while in Uttar Pradesh the President's
assent had been sought for a similar bill.
But, Justice Shamim
said it was doubtful whether the validity and legality of the act would
be maintained in the court of law.
The NCM had appealed
to Orissa Chief Minister to constitute a State Minorities Commission
and strengthen the coordination committee headed by the state chief
secretary.
Singh said the NCM
had also asked the state government to conduct a survey of all religious
places in view of complaints received from various quarters.
He said the government
should be cautious while maintaining lawand order at the disputed sites.